ENSEMBLE A ABBEY ROAD, POUR LA DERNIÈRE FOIS

ENSEMBLE A ABBEY ROAD, POUR LA DERNIÈRE FOIS

6 septembre 2019 1 Par Génération Beatles

En quelques semaines, au sommet de leurs talents, les Beatles vont produire l’un des albums les plus célèbres et célébrés, dans le monde entier

La photo retenue les montre tournant le dos aux studios d’Abbey Road. Prémonition ?

Le début de 1969 a été marqué par le bouclage du projet Get Back qui deviendra l’album Let it Be et ne sortira qu’après Abbey Road, en mai 1970, bien qu’enregistré avant.

Mais au printemps 1969, les Beatles, motivés par Paul, ont envie de passer outre les difficultés et de se retrouver « pour jouer ensemble comme avant et faire un nouvel album ».

Sollicité, George Martin accepte ; l’ingénieur du son Geoff Emerick dont les compétences et l’inventivité lui ont permis d’assurer cette fonction dès Revolver, accepte lui-aussi. Une douzaine d’ingénieurs et assistants seront mis à disposition par EMI. Les séances d’enregistrements pourront débuter début juillet.

Après plusieurs séances de travail au printemps, tout le monde se retrouve dans les studios d’EMI, baptisés plus tard Abbey Road, une fois acquise la célébrité de l’album

Les Beatles sont prêts mais le 1erdu mois, John et Yoko, en compagnie de leurs enfants respectifs ont un accident en Ecosse. Ils s’en tirent avec quelques blessures (et points de suture indélébiles pour John), quelques jours d’hôpital et la réputation définitive et pas usurpée que Lennon est un piètre conducteur.

Rassurés sur leur état de santé, les trois autres Beatles commencent à travailler dans les studios d’EMI, rebaptisés plus tard Abbey Road, plus du nom du célébrissime album que de celui de la rue. Ils seront rejoints par John le 9 juillet, ce dernier faisant livrer un lit pour que Yoko, blessée au dos au cours de l’accident, puisse suivre confortablement les enregistrements. Un micro sera même installée au-dessus du lit pour qu’elle puisse réagir ou prodiguer d’utiles conseils… Agacés, mais soucieux de mener le projet à son terme les autres comparses mettront de côté ce nouveau sujet de rancœur.

Pour la composition de l’album, les Beatles partent des nombreux projets plus ou moins avancés dont regorgent leurs cartons et magnétophones, et à la fin, faisant fi des ego ou acceptant des compromis, tout le monde arrive à s’entendre sur les titres retenus et leur ordre d’enchainement qui parait aujourd’hui si évident.

Même si certains morceaux avaient été travaillés et avaient fait l’objet d’enregistrements dès l’hiver et le printemps 1969, les « sessions Abbey Road » s’étalent du 1er juillet au 20 août. Moins de deux mois pour fabriquer l’un des plus mythiques albums de l’histoire du rock.

Grâce à l’absence de complexe des Beatles qui ont toujours apprécié les talents extérieurs, on invite pour assurer des prestations complémentaires au piano et à l’orgue, le génial claviériste Billy Preston, déjà présent sur certains morceaux qui composeront le futur album Let it Be. Comme cela avait été fait – pour la première fois – dans l’Album Blanc lorsqu’Eric Clapton (« God » en personne) assurera la partition solo du très harrisonnien While My Guitar Gently Weeps.

L’équipe de production, George Martin et Geoff Emerick en tête, travaille à la perfection et les Beatles se surpassent, comme s’ils voulaient faire entrer l’album dans l’histoire de la musique. Les longues journées se suivent au studio d’Abbey Road. Les compositions, les chants, les instruments, tout n’est qu’harmonie. Et pourtant, pendant ces deux mois, les Fab Four ne travailleront que peu souvent tous les quatre ensemble. Les techniques d’enregistrement et de duplication ont fait de tels progrès depuis leurs débuts, qu’une fois le projet d’un morceau à peu près cadré, son auteur commence par enregistrer seul ou avec un ou deux comparses, l’harmonie et l’accompagnement (piano ou guitare), ou au contraire la ligne de basse et la batterie puis au fur à mesure les autres morceaux du puzzle s’assemblent : on rajoute des voix, on les duplique, le compositeur change d’instrument (Paul étant le plus doué dans cet exercice), les solos s’intercalent, George Martin (musicien classique de formation, ne l’oublions pas) fait son travail de cinquième Beatle en convoquant des instrumentalistes classiques (violons, altos, violoncelles, contrebasse, cors, trompettes, trombones …) ou en se mettant lui-même au piano, à l’orgue ou au clavecin électrique et tenant la baguette de chef face aux musiciens de l’orchestre dont il aura écrit les partitions. On fait appel au tout nouveau synthétiseur Moog III (premier synthétiseur utilisé par les Beatles) et à une … enclume.

Avec George Martin, leur producteur, les instruments de l’orchestre classique rejoignent les guitares électriques

Parmi les multiples particularité d’Abbey Road, l’album oscille entre collections de morceaux splendides et album concept ou opera-rock, tel que Paul et George Martin l’avaient plutôt imaginé au départ, contrairement à John qui considérait qu’il ne savait faire du rock, que du rock. Finalement, huit chansons (et une neuvième, « cachée »), et un « medley » assemblage flamboyant de huit morceaux plus brefs. A signaler aussi, le disque contient la plus courte chanson des Beatles (23 secondes) qui est aussi la première chanson cachée d’un album, le titre (Her Majesty) ne figurant pas sur les premières pochettes des albums vendus, pour la plus grande joie des collectionneurs.

Pour faciliter une ré-écoute éclairée, faisons le tour de ce qui compose Abbey Road dans le post suivant