RINGO STARR, MEILLEUR BATTEUR !

RINGO STARR, MEILLEUR BATTEUR !

13 octobre 2019 0 Par Génération Beatles

Un lecteur de GenerationBeatles.blog Fred P., me demande si Ringo Starr, plutôt que d’être un génial batteur, n’était pas juste là au bon moment. Je vais tenter de le convaincre que Ringo était le parfait batteur des Beatles au même titre que George Harrison fut leur indispensable guitare solo

Lorsque le 7 juillet dernier, par Twitter interposé, Paul McCartney souhaite un bel anniversaire, 79 ans tout de même, à son ex-co-Beatle en affirmant qu’il est le « best drummer in the world », le compliment est-il justifié ou s’agit-il simplement du témoignage d’une amitié vieille de près de soixante ans entre les deux survivants du plus grand groupe de l’histoire du rock que ni les tensions ni la séparation n’ont pu entamer ?

Les batteries Ludwig avaient la faveur de Ringo

Plutôt chétif de constitution, et ayant passé une enfance entre maladies et convalescence, Ringo n’est pas un batteur athlète à la manière d’un Keith Moon des Who, le plus grand cogneur du rock, qui brisait ses toms à la fin de chaque concert. Il n’avait certes pas l’inventivité d’un Ginger Baker, co-fondateur des Cream aux côtés d’Eric Clapton et de Jack Bruce (décédé en 2014). Sur le site de Rolling Stone US, Ringo rend d’ailleurs un bel hommage à Baker qui vient de décéder ce 6 octobre 2019.

Bref rappel historique. Fin 1961, Brian Epstein est devenu le manager du groupe. Après les refus de nombreuses maisons de disques, Epstein finit par obtenir une audition en juin 1962 avec EMI. Les Beatles sont auditionnés par George Martin qui deviendra leur producteur. Peter Best ayant du mal à assurer à la batterie, le contrat est signé pour un an mais Peter Best évincé et remplacé par Ringo Starr avec qui les Beatles ont déjà joué.

Et pourtant, les débuts officiels de Ringo avec les Beatles ne furent pas simples. En effet, pour le premier enregistrement de leur premier tube en septembre 1962, « Love Me Do », George Martin peu satisfait du jeu de Ringo, convoquera un batteur de studio Andy White, Ringo étant tristement relégué au tambourin. C’est la première fois qu’un non Beatles sera crédité sur un titre, les autres exceptions étant Eric Clapton et l’organiste Billy Preston. Le remplacement de Ringo par un non Beatles ne se reproduira plus jamais, sauf au cours des enregistrements de l’Album Blanc, où excédé par les tensions au sein du groupe il quittera quelques jours les studios, obligeant Paul à le remplacer -avec talent- sur Back in U.S.S.R et Dear Prudence.

Les talents de Ringo Starr

Ringo est gaucher, comme Paul. Mais à la différence d’autres batteurs, gauchers, il n’inversera pas les emplacements de ses toms, ce qui donnera à son jeu un son assez nouveau. De l’avis de tous, il dispose d’un sens du tempo jamais pris en défaut, ce qui n’est pas le cas chez tous les musiciens, percussionnistes compris.

Une brève illustration de ses talents de batteur nous est donnée à travers quelques titres qui ponctuent la carrière du groupe:  ré-écoutez sa puissance dès She Loves You, ou son jeu unique sur Tomorrow never Knows, In My life, Strawberry Fields et bien sûr sur Ticket to Ride. Et en conclusion de son aventure avec les Beatles il nous offre son meilleur niveau grâce à Abbey Road, en particulier sur Come Together et sur The End, où il enregistre le seul solo de batterie des Beatles. Lui comme ses trois compères n’aimaient pas cet exercice, mais pour l’occasion, ils insistent, arguant probablement que chacun d’eux exécutera un solo de guitare et qu’il doit en faire autant. Grâce au travail parfait des quatre solistes, cette dernière chanson du dernier album enregistré des Beatles, entrera dans la légende.

S’il y a longtemps que vous n’avez pas écouté Abbey Road, livrez-vous à cet exercice en prêtant une oreille attentive au travail du batteur. Si Ringo est le parfait batteur des Beatles et George le parfait guitare solo (ni brutal, ni larmoyant, ni envahissant), c’est parce que l’un comme l’autre s’insinuent avec délicatesse et intelligence dans les splendides compositions de Lennon-McCartney pour les porter au plus haut niveau.

Une voix

Outre la tenue de la batterie, Ringo est aussi parvenu grâce à sa voix unique et chaleureuse, à se glisser harmonieusement dans quelques-unes de leurs chansons, une par album en général, parmi lesquelles on retiendra en particulier What goes on, With a Little Help From My Friends, ou Yellow Submarine. Sans oublier ses deux propres compositions au sein des Beatles, Don’t Pass Me By, sur l’Album Blanc et Octopus’s Garden sur Abbey Road.

Enfin qualité indispensable aux yeux des Beatles, Ringo était plein d’humour auquel s’ajoutait une patience infinie (il en fallait lors des enregistrements) et une grande gentillesse.

Un signe qui ne trompe pas, les trois autres Beatles au cours de leurs carrières solo firent souvent appel à Ringo comme batteur pour leurs propres albums.

On peut se rappeler que lorsque Ringo perd sa première femme, Maureen, décédée d’un cancer en 1994 et dont il est divorcé, mais qui avait accompagné les Beatles toute leur carrière, Paul écrira une superbe berceuse pour les enfants de Maureen et Ringo, Little Willow (sur l’album Flaming Pie), beau témoignage d’amitié.

Give More Love, album de Ringo sorti en 2017, auquel ont participé Joe Walsh, Jeff Lynne, Dave Stewart et un certain … Paul McCartney

Pendant les cinquante ans qui ont suivi l’histoire des Beatles, Ringo nous gratifiera aussi de quelques jolis albums alternant rock pur et chansons bien balancées, agréablement interprétées et souvent pleines d’humour. Photograph, co-écrite avec George en 1973 est une splendeur.

Le fonctionnement d’un groupe rock est comparable à celui de tout groupe humain sportif, d’entreprise ou autre, certaines personnalités sont flambloyantes ou solaires, d’autres le sont moins mais ont d’autres mérites: maintenir la cohésion, savoir faire baisser la pression par exemple.

Alors oui, pour les Beatles, et leurs fans, Ringo fut le « Best drummer in the Word ».