PAUL McCARTNEY A 80 ANS. 8 DECADES PRODIGIEUSES

PAUL McCARTNEY A 80 ANS. 8 DECADES PRODIGIEUSES

Pour fêter dignement l’anniversaire de Paul McCartney, 80 ans ce 18 juin, survolons les huit décennies qu’il vient de parcourir.

A l’instar de la reine Élisabeth, son règne dure encore. Le co-créateur des Beatles, à nos yeux le musicien et compositeur le plus doué de sa génération et l’un des plus prolixe, est également riche d’une vie pleine de rebondissements, de joies et de peines.

Happy Birthday Paul!

Le portrait qui accompaganit le lancement de son dernier album. Un petit prolo devenu le seigneur de la pop-rock

DECENNIE #1 1942 -1951

La guerre, puis l’enfance heureuse d’un petit prolo de Liverpool

Paul McCartney nait donc à Liverpool en pleine guerre, le 18 juin 1942. Les bombardements sur la ville ont cessé, mais la situation de l’Angleterre est compliquée. Ringo Starr dira bien plus tard « Nous étions tous les quatre des enfants de prolo de Liverpool ». Ce qui est un peu moins vrai pour John Lennon qui mènera une enfance plutôt bourgeoise et qui actera que de tous les Beatles, la famille de Paul était la plus pauvre. Un père employé sur les quais de Liverpool, né lui-même d’une famille de sept enfants (ils allaient à l’école à tour de rôle car il n’y avait qu’une paire de chaussures pour toute la fratrie). Une mère infirmière qui franchira les étapes à l’hôpital pour améliorer la situation économique de la famille. Lorsqu’ils purent quitter leur premier domicile, Paul constatera le luxe d’avoir des toilettes à l’intérieur de la maison et non plus dans le jardin. Voir ici notre post sur l’enfance des Beatles

Malgré cela Paul garde le souvenir d’une enfance heureuse, des parents aimants, un père musicien, pianiste et trompettiste, qui enseignera à son fils le jeu du piano. La guerre est finie, le pays est à reconstruire et les Britanniques font preuve d’un optimisme et d’un enthousiasme à égal de ce que fut leur courage. Les premiers souvenirs de Paul datent de cette époque.

DECENNIE #2 1952 -1961

Mother Mary disparaît, John apparaît

L’école, les jeux avec son frère Mike (qui deviendra musicien et photographe), le scoutisme et les réunions familiales avec la communauté irlandaise qui se terminent toujours en chansons (voir notre post sur les origines irlandaises de Lennon et McCartney). Il va à l’école avec son voisin et copain George Harrison et surtout joue de la guitare. En route, ils parlent musique et Rock’n’roll, et ignorent qu’ils sont les premiers Beatles à s’être rencontrés.

En octobre 1956, Mary, la mère de Paul décède d’un cancer. Rude épreuve. (Voir le même post : C’est quoi une enfance de Beatles)

En juillet 1957, un ami commun invite Paul à venir jouer devant John Lennon, pas encore 17 ans, mais qui a son groupe, les Quarrymen. Paul oublie sa guitare, on lui en prête une, il est gaucher et joue donc « à l’envers », mais peu importe, il s’en sort. Il montre à John qu’il sait jouer du piano. La magie opère.

Mais se révèle aussi l’incroyable caractère de ces deux adolescents qui deviendront les géants du rock et de la pop qu’on connaît. John hésite : doit-il faire entrer dans son groupe ce talent qui deviendra peut-être un rival voire un leader ? A relire l’histoire des Beatles on mesure la pré-science de Lennon. Quant à Paul, tout juste 15 ans, ne doutant de rien, il demande un délai de réflexion ! Ces deux garçons ont déjà tous les talents et la psychologie, pour être des stars. Ils ne se quitteront plus, vont jouer ensemble et surtout composer.

L’indispensable Brian Epstein

Avant même le début les Beatles, le couple Lennon-McCartney que le décès de la mère de John a encore rapproché de Paul, a déjà écrit plus de cinquante chansons, qui sortiront tout au long et jusqu’à la fin de leur carrière. George Harrison rejoint le groupe, ils se produisent sur scène, à Liverpool et surtout à Hambourg, nous en avons déjà parlé. Ils adoptent le nom de Beatles. Leur bassiste Stu Sutcliffe quitte le groupe et Paul le remplace, parce qu’il faut bien que quelqu’un le fasse.

Il sera l’inventeur de magnifiques lignes de basses, faisant de la basse du groupe rock un instrument à part entière et non plus le seul soutien aux accords de guitare. Les Beatles se sentent prêts maintenant pour enregistrer. Un jeune disquaire liverpuldien qui veut faire de la production musicale va les écouter, leur fait signer un contrat et part en chasse d’une maison de disques. C’est Brian Epstein, organisateur infatigable, homme de marketing visionnaire, et ami qui s’occupera d’eux avec gentillesse et bienveillance. Nous sommes fin 1961.

DECENNIE #3 1962-1971

12 albums et des singles. De l’explosion mondiale à l’explosion en vol. Comment rebondir ?

 Après les dix-huit mois passés en Allemagne à Hambourg où ils donneront plus de 300 concerts, les Beatles sont prêts à voler de leurs propres ailes.

Un contrat est enfin signé avec EMI. George Martin, musicien de formation, est désigné comme leur producteur, voir notre post sur le « 5ème Beatles ». Les Beatles sont maintenant bien entourés. Avec John, Paul compose des titres inoubliables. Ringo Starr le batteur avec qui ils avaient joué ponctuellement à Hambourg remplace Pete Best. En février 1963, ils enregistrent en une journée 11 titres qui composeront leur premier disque, Please Please Me. Paul chantera la première chanson du premier album du groupe, une composition qu’il assurera seul : I Saw Her Standing Here, comme P.S. I Love You. Les autres titres des Beatles seront des compositions Lennon-McCartney ou celles d’auteurs-compositeurs extérieurs aux Beatles.

Un premier album enregistré en dix heures

Douze albums, une moisson de singles, des concerts

Premier succès de ce premier album, onze autres albums suivront, sans compter les singles. Nous sommes revenus sur une grande partie de leur production de l’époque tout au fil de ce blog. Les concerts se déroulent dans des conditions de plus en plus démentes, les hurlements des fans couvrant largement les amplis conçus pour des petites salles de spectacles et pas pour des stades de football de plusieurs dizaines de milliers de spectateurs.

Aussi des films

On ne s’attardera pas sur les films des Beatles qui à eux seuls valent le détour, combinant loufoquerie, et inventivité : A Hard Day’s Night, Help!, Magical Mystery Tour, le film d’animation Yellow Submarine et bien sûr le film Let It Be et son Rooftop Concert, tourné durant les répétions de l’album du même nom et dont Peter Jackson, exhumant des rushes oubliés nous a gratifié d’une nouvelle version de trois fois trois heures et renommé Get Back pour la circonstance. Le passage où l’on voit Paul arrivant au studio, grattant sur sa basse les accords de Get Back et commençant à fredonner un morceau qui devient en l’espace de quelques heures avec l’aide de ses complices, le chef-d’œuvre pop-rock que l’on connait, est une très belle démonstration de la puissance créatrice de McCartney et de tout le groupe (Voir ici notre post sur le film Get Back).

Brian décède

Brian Epstein qui les avait découverts, décède en août 1967, laissant le groupe très désemparé et déstabilisé. Quelques albums plus tard, fin septembre 1969 sort Abbey Road enregistré pendant l’été, dernières sessions de travail communes des Beatles, à l’issue desquelles John annonce quitter les Beatles tout en ne souhaitant pas rendre l’information officielle. Let It Be qui sort en mai 1970, a en réalité été enregistré plus d’un an avant. Paul a déjà annoncé en interne leur séparation, en janvier 1970.

Tracer d’autres chemins

Depuis plusieurs mois le feu couvait et chacun des Beatles savait plus ou moins consciemment que les choses allaient changer. Les brouilles avaient commencé. Ringo puis George avaient quitté a plusieurs reprises les séances d’enregistrement et John ne se privait pas de sécher les séances de répétition quand il avait mieux à faire. L’arrêt des concerts avait été souhaité par tous sauf par McCartney qui petit à petit prenait le leadership sur le groupe et en particulier sur le rythme de la production et sur la création en général (typologie des albums notamment), ce qui agaçait ses comparses. Lennon était occupé à tracer un autre chemin en compagnie de Yoko Ono.

Ajoutez à cela les difficultés à trouver un manager (qui remplacerait l’irremplaçable Brian Epstein ?), McCartney souhaitant que cette mission soit confiée au père et au frère de Linda, les trois autres voulant absolument d’Allen Klein, ancien manager des Rolling Stones. Paul refusera de signer le contrat avec Allen Klein.

Plus tard les Stones auraient dit aux membres du groupe disparu qu’ils auraient pu les conseiller sur le danger d’une collaboration avec celui qu’ils considéraient comme un escroc. Enregistré l’été précédent, le titre de Paul dans le Medley d’Abbey Road, You Never Give Me your Money… You only give me your funny papers, est une adresse directe à Allen Klein. Les trois autres Beatles ont parfaitement accepté de voir ce titre sur l’album. Dès lors que la musique est bonne…

« Les Beatles ont quitté les Beatles »

Paul rappellera que Lennon avait annoncé dès l’automne précédent qu’il quittait les Beatles, mais souhaitait que cela reste secret… Il se justifie : « Je n’ai pas quitté les Beatles, les Beatles ont quitté les Beatles, mais personne ne veut être celui qui annonce que la fête est finie ».

La carrière des Beatles s’achève alors que leurs membres ont entre 27 et 30 ans. C’est tôt pour une retraite, même pour des sportifs de haut niveau. La séparation était donc écrite. Dès leurs débuts, les Beatles avec lucidité et maturité, savaient que le groupe ne serait pas éternel. De leur propre aveu, les succès des premières années et leur ampleur les étonnait même. Au cours de leur premier séjour aux Etats-Unis, Lennon faisait le plein de disques US, pas certain qu’ils reviendraient un jour.

Tout en s’affrontant devant les tribunaux, Lennon et McCartney continuaient à se parler comme les vieux amis qu’ils avaient toujours été. Leurs échanges amers passent plutôt par chansons interposées. Ils entérinent la séparation après l’annonce de Paul, qui avoue à John que comme lui avec Yoko, il prépare un nouvel album. En réalité, chacun était prêt à une carrière solo, Paul dégaina rapidement son premier album, sobrement intitulé McCartney à quelques semaines d’intervalle avec celui de Ringo, Sentimental Journey. En septembre, George Harrison offrira un triple album, All Things Must Pass, même s’il avait publié auparavant Wonderwall Music et un disque expérimental, Electronic Sound.

Rien d’étonnant, la règle qui prévalait alors était simple : si le style n’est pas dans le style Beatles, tu peux le faire en solo. Quant à Lennon, il sort en décembre l’album où avec Yoko, on les voit allongés sous un arbre.

Un album solo tout solo : McCartney

Nous ne présentons ici que les albums studio. Les albums live ou de compilations, même s’ils sont parfois excellents n’apportant pas de réelle nouveauté créative.

Le premier album après les Beatles. McCartney a 28 ans

Pour son premier album solo, McCartney assume tout… en solo. Il est le seul instrumentiste, brillant, dans un registre très Beatles évidemment. L’écoute de multiples titres de qualité permet de comprendre ce que fut l’apport de Paul aux Beatles. L’innovation restant dans ses gènes : pour la première fois un disque de rock crédite un seul musicien à tous les instruments. Linda qu’il a épousée en 1969 (voir plus bas), l’accompagne joliment aux chœurs et se charge des photos de l’album. Maybe I’m Amazed reste un titre incontournable de sa carrière doté d’une puissance et d’une expression musicale saluée par les critiques. Ses parties de piano et de guitare sont magnifiques, il tient très correctement la batterie, comme il avait fait parfois avec les Beatles, sur Back In U.S.S.R, ou sur la Ballad of John And Yoko. Sa voix puissante et chaude fait toujours l’affaire. L’album restera plusieurs semaines numéro 1 aux Etats-Unis et ne fut détrôné en Grande-Bretagne que par ce qui deviendra le cultissime album d’une génération, Bridge Over Troubled Water de Simon and Garfunkel.

Ram, 2ème album

En 1971, sort son deuxième album solo Ram, le seul co-signé Paul et Linda, essentiellement pour assurer des revenus au couple tant que le conflit avec les autres Beatles n’est pas réglé. Composé en grande partie dans leur ferme écossaise, Paul a tenu à ce que Linda apprenne le piano et il s’adjoint deux guitaristes et un batteur, qui formeront l’ébauche de son futur groupe, Wings. L’accueil un peu mitigé de la part de certains critiques rencontre l’enthousiasme du public.

Finalement Ram sera considéré unanimement parmi les meilleurs des vingt-deux albums de sa carrière solo

Décade sentimentale : Mary, Jane, Linda et les autres

Paul a toujours dit à quel point sa mère, dont le rôle social était de venir en aide aux autres, avait compté pour lui. Le monde entier a repris l’un des plus beaux hymnes qu’avec Let It Be et son Mother Mary Comes to Me, il dédie à sa mère. Idem pour Lady Madonna qui célèbre toutes les femmes.

De ses relations féminines, Linda fait évidemment partie de celles qui ont le plus compté pour lui. Du Beatle qui faisait chavirer le cœur des filles (les trois autres musiciens n’étaient pas en reste), l’histoire ne retiendra guère de l’époque d’avant Linda que Jane Asher. Jolie, précoce et talentueuse actrice à la longue chevelure rousse flamboyante, fille du médecin britannique qui décrivit le syndrome de Münchausen, Jane avait déjà bien entamé sa carrière lorsque débute sa relation avec Paul en 1963. Elle a 16 ans et lui 21. La presse people de l’époque aurait bien vu Jane mariée au gendre idéal à qui faisait irrémédiablement penser le bassiste. Paul se sentait bien dans la famille Asher à Londres dans leur maison où il disposait d’une petite chambre dans le grenier où on avait même logé un piano. Avec John, également apprécié pour sa gentillesse, ils venaient souvent se réfugier pour écrire leurs chansons et les jouer.

Philip Norman auteur d’une biographie de Paul déjà citée, nous rappelle les quelques titres que Jane Asher a inspiré à Paul : I’ve Just Seen a Face, Here There and Everywhere, ou And I Love Her (voir l’article sur les deux biographies que Norman a consacré à Lennon et McCartney)

Les relations des Beatles avec les fans étaient connues, il y avait même une règle (implicite?) avec les copines officielles du moment : en tournée, les relations « extra-conjugales » ne comptent pas. Dès que la fortune des Beatles fut connue, de nombreuses jeunes femmes voulurent que Paul assume ce qu’elles pensaient être la paternité de leur enfant. Rien ne fut jamais prouvé, y compris à l’heure des tests ADN.

Lors de la sortie du film d’animation, Jane Asher annonce sa séparation d’avec McCartney

Des fiançailles furent annoncées mais Jane et Paul ne croyaient déjà plus à la pérennité de leur relation, la jeune actrice se doutant bien que la fidélité n’était pas le fort du musicien qui pensait quant à lui que leur relation « ne collait pas ».  En juillet 1968, après avoir accompagné Paul à Rishikesh pour y suivre l’enseignement du Maharashi Mahesh Yogi (voir ici) et alors que sort le film d’animation Yellow Submarine, Jane Asher annonce leur séparation. Les tabloïds anglais font des choux gras de la rupture de Paul concomitante à l’engagement de John dans une relation de plus en plus forte avec Yoko Ono, dont dire qu’ils n’aimaient guère l’artiste japonaise est une litote.

Linda, grâce aux Animals

Un an plus tôt, au cours d’une soirée avec The Animals, les auteurs de The House of the Rising Sun, McCartney avait rencontré une photographe américaine, Linda Eastman. Rien à voir avec la famille Eastman Kodak mais ce le faux lien familial fut longtemps entretenu pour discréditer Paul, supposé ami du « grand capital ». Ce n’est qu’un an plus tard, en mai 1968, au cours d’un voyage à New York et d’une série d’interviews et séances photos que Paul revoit Linda dont la carrière s’épanouit. Elle est la première femme à réaliser la couverture du magazine Rolling Stone, avec un portrait d’Eric Clapton. McCartney et Lennon doivent rentrer à Londres et Paul qui a demandé son téléphone à Linda accepte qu’elle les accompagne à l’aéroport pour faire quelques photos dans le salon de la compagnie aérienne.

Fruit du hasard ? Paul rencontrera Linda, qui deviendra une grande défenseuse de la cause animale, grâce aux Animals

En juin suivant, ils se retrouvent à Los Angeles et des témoins racontent le véritable coup de foudre qui éclate entre Paul et Linda. Une histoire qui durera jusqu’en 1998 lorsqu’un cancer emportera celle qui aura assisté à la fin des Beatles et fut essentielle dans le rebond musical de celui qu’elle épousera en 1969. Avec Paul, ils réussiront à éviter à leur famille les avanies des couples de stars et assureront une éducation équilibrée et paisible à leurs quatre enfants. On raconte qu’en dehors de ces quelques jours d’incarcération dans une prison japonaise, ils passèrent toutes leurs nuits ensemble.

DECENNIE #4 1972-1981 : Wings volent et Lennon quitte la planète 

McCartney a réussi sa sortie des Beatles. Il sait que sa crainte de ne plus pouvoir exercer une vraie carrière de musicien ne se produira pas. Confiant dans son talent de compositeur, d’auteur et d’interprète, il craignait qu’un jour le public se désintéresse de sa production.

Il a montré ce qu’il était capable de faire, addict au travail, il n’arrêtera plus de faire des disques.

Plus que cela, il multipliera les initiatives originales et inattendues, on le verra.

La route des concerts

Enfin, il reprend la route et les concerts abandonnés par les Beatles depuis le dernier concert au Candlestick Park de San Francisco en août 1966. A l’exception du célébrissime Rooftop Concert de Janvier 1969 qui clôtura l’enregistrement de Let It Be devenu Get Back par la magie de Peter Jackson (voir ici) .

Paul reprend la route en commençant très modestement, proposant à des universités anglaises de venir jouer avec son groupe. Imaginons la tête du responsable de la fac de Nottingham qui voit l’ex-Beatle ouvrir la fenêtre de sa voiture : « Vous croyez qu’on pourrait venir jouer chez vous demain ? ». 700 étudiants seront présents à ce premier concert.

Il enchaînera des centaines de concerts, dans le monde entier, avec parfois quelques mésaventures comme au Japon en janvier 1980, où il devra passer quelques jours en prison (voir ici).

Un vrai groupe avec un nom

Après l’album RAM, et constatant qu’il pouvait refaire un groupe (cette fois-ci avec un leadership incontesté et incontestable), il crée Wings avec notamment Denny Laine, ex des Moody Blues (ceux de Nights in White Satin) et noyau du groupe avec Paul et Linda.

Une couverture bucolique pour le premier album de Wings

Durant ses dix années d’existence Wings publiera une trentaine de singles et sept albums studio : à Wild Life en 1971, succèdera en soutien aux Irlandais après le tragique épisode du Bloody Sunday le single Give Ireland Back to the Irish (voir ici).

Puis en 1973, Red Rose Speedway et la même année Band On The Run, couronné d’un Grammy Award qui recevra le même succès commercial que le disque suivant, Venus and Mars paru en 1975. En 1976, c’est Wings at The Speed of Sound où Paul laisse ses camarades interpréter quelques-uns des titres qu’il a écrit, mais du McCartney sans McCartney, ça sonne bizarre… Puis après le single hommage à la région d’Ecosse ou vit Paul, Mull of Kintyre qu’il conçoit comme un hymne à la terre de ses lointains ancêtres et qui se classe vite numéro 1 en Grande-Bretagne (mais pas aux USA où rock et cornemuse ne font visiblement pas bon ménage), sort en 1978 son huitième album, le plus confidentiel, mais pas dénué de qualités, London Town, dont le titre éponyme est du pur McCartney comme on l’aime. L’année 1979 accueille le dernier album du groupe (hors compilations) Back To The Egg qui comme toujours alterne bons gros titres rock efficaces et douces ballades.

Cette décade s’achève sur l’arrêt de Wings et la mise en production du second album solo de l’ex-Beatles, McCartney II, où à nouveau il prend tous les instruments. McCartney II étonne par quelques expérimentations musicales ou bœuf de musiciens (en solo…) mais les mélodies et le rock sont toujours là.

Restent aussi de cette époque deux films sur Wings en tournée : Wings in America et Rockshow.

Le premier des Beatles à quitter la Terre

Un évènement bien plus tragique pour Paul et pour toute la planète musique va constituer la conclusion dramatique de cette décade.

Le premier album de Lennon sorti bien avant le premier de Wings était déjà bucolique

Lennon adorait ce qu’il appelait les visions cosmiques du monde. Commentant ainsi l’ainesse de batteur des Beatles il disait : « Je ne suis donc pas le premier Beatles à être arrivé sur cette planète, c’est Ringo« . Il avait qualifié de cosmique la phrase de McCartney qui clôture le titre The End de l’album Abbey Road et qui figure en exergue de ce blog. 

Pas de chance, il sera le premier des Beatles à quitter la planète en direction du cosmos, abattu par un ex-fan qui estimait que Lennon avait trahi ses idéaux. (Retrouvez ici le détail de l’assassinat de John et la réaction de Paul). La période des brouilles est heureusement derrière eux, et McCartney reste bouleversé au point qu’il lui sera difficile d’exprimer sur le coup son désarroi, se contentant de formules passe-partout en réponse aux micros qui lui sont tendus.

DECENNIE #5 1982-1991: de la route à l’Oratorio

Avec Michael Jackson

En 1981, Paul répond à l’initiative du producteur Quincy Jones et Michael Jackson qui lui demandent de venir co-interpréter This Girl is Mine. Le titre sort en single en octobre 1982 et figurera sur Thriller, qui détenait encore récemment le titre d’album le plus vendu au monde.

McCartney et Jackson interprètent This Girl is Mine

Cette décennie sera une période en partie tournée vers sa famille. Les McCartney ont quatre enfants, Paul ayant adopté Heather la fille que Linda a eu en 1963 d’un premier mariage et qui apparait joyeusement dans quelques séquences du film Get Back. Deux filles ont suivi : Mary née en 1969, prénommée comme la mère de Paul qui comme sa propre mère fera une carrière de photographe, et Stella née en 1971 qui deviendra la styliste qu’on connait. L’arrivée d’un garçon, James, en septembre 1977 combla Paul.

L’appel à des musiciens de haut vol et un titre pour Lennon

En 1981, notre bassiste avait commencé à travailler avec certains des musiciens de Wings sur quelques titres, en prévision d’un futur album. Il avait également décidé de s’assurer des compétences de musiciens qu’il choisirait en fonction des titres. Outre Denny Laine, ex-Wings, interviennent sur différents morceaux Carl Perkins, le légendaire créateur de Blue Suede Shoes, que les Beatles avaient toujours admiré et interprété à leurs débuts. Ringo Starr vient assurer les percussions sur plusieurs morceaux, et surtout Stevie Wonder le rejoint pour créer et interpréter avec lui Ebony and Ivory. Les enregistrements ont lieu aux Antilles, mais Paul peaufine certains morceaux à son retour en Écosse. Michael Jackson le rejoindra et ils travailleront notamment sur Say, Say, Say qui sortira en 1983. A la production, George Martin reprend du service et accompagne McCartney pour toute la mise en boîte. En 1982, sort donc Tug Of War quelques jours après Ebony and Ivory et rencontrera le même succès que le single, critique et commercial. Figure également sur l’album Here Today, qui rend un émouvant hommage à John Lennon.

Un film musical

Si l’année suivant est moins féconde quantitativement, reconnaissons à McCartney une énergie intacte pour de nouveaux projets. Après de longues années à tenter de monter un film, il arrive enfin à boucler « Give My Regards To Broad Street », où il joue le rôle d’un rocker qui part à la recherche de bandes-son égarées, une mésaventure qu’il avait vécue quelques années plus tôt avec Wings, partis à Lagos pour enregistrer un nouvel album, ce qui ne se fit jamais. Le film est accueilli de façon mitigée par la critique et surtout salué pour la qualité de sa musique. Le titre principal « No More Lonely Nights » compte parmi les plus beaux morceaux de Paul. D’autres pépites figurent sur cet album.

Le Live Aid

En juillet 1985, après la famine survenue en Ethiopie, deux concerts simultanés, et sous l’impulsion de Bob Geldof, le Live Aid, sont montés simultanément aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Près de deux milliards de personnes auraient suivis la retransmission. Paul assurait la fin du concert à Wembley par un Let It Be au piano et seul sur scène, rejoint pour le final par une dizaine de musiciens britanniques et un Bob Geldof porté en triomphe.

Les fans devront attendre 1986 pour avoir droit à un nouvel album, Press To Play qui fut assez mal accueilli par la critique et dont les treize titres ne recèlent aucun morceau exceptionnel. On retiendra tout de même le clip amusant du titre Press où l’on voit Paul dans le métro au milieu de londoniens parfois sidérés, parfois indifférents, le plus souvent amusés.

Elvis Costello et David Gilmour

Avec l’aide d’Elvis Costello, McCartney se lance dans l’écriture de Flowers in The Dirt qui sort en 1989. A nouveau un très bel album, produit par George Martin et auquel participe David Gilmour (Pink Floyd) avec Paul à son meilleur niveau qui nous offre entre autres de superbes morceaux We got Married, My Brave Face et This One et leurs mélodies tellement McCartneysiennes. Un hommage à son père et à l’amour filial et paternel Put It There, prouve qu’il n’a rien perdu de son talent de song writer populaire. Un succès critique et public, et ces « Fleurs dans la boue » atteignent la première place des classements au Royaume-Uni. Un chef-d’œuvre à l’égal de ce qu’il fit avec les Beatles.

Paul prendra appui sur ce disque pour préparer une nouvelle tournée, ce qu’il n’a pas fait depuis une dizaine d’années. The Paul McCartney Word Tour durera 10 mois, de septembre 89 à Juillet 90, alignera plus de 300 concerts et une trentaine de chansons et réunira un total de deux millions trois cent mille spectateurs. En avril 1990, le concert au stade de Maracana accueille184 000 spectateurs.

 Un album de la partie américaine et australienne du concert sortit sous le titre Paul Is Live, clin d’œil à la fake news qui avait circulé à la période Beatles proclamant « Paul is dead »

A la même époque Linda avait choisi de se lancer dans l’activité très lucrative de publications de recettes de cuisine, qui remportait un vif succès auprès de la clientèle britannique. Les McCartney sont bien occupés. Mais, ce n’est pas fini.

Et maintenant, la musique classique

En 1991, une nouvelle expérience attend McCartney. Le chef d’orchestre et compositeur américain Carl Davis qui a l’occasion de diriger le très réputé Orchestre philarmonique de Liverpool se voit demander la composition d’une œuvre destinée à célébrer le cent cinquantième anniversaire de l’orchestre. Bien différent de ce que Paul considérait comme des aristocrates de la musique un peu snobs, et sans doute intimidé par le fait qu’il ne savait ni lire ni écrire la musique, McCartney avait toujours refusé les propositions de George Martin de composer pour des orchestres classiques. Le producteur avait toujours été un passeur brillant entre les intentions de Paul et les musiciens classiques qui eurent à intervenir sur ses compositions d’avant ou d’après les Beatles.

Une couverture de l’album au style « U.S.S.R. »

Carl Davis propose à Paul de composer avec lui. Paul y voit l’occasion d’une composition qui soit une sorte d’autobiographique qui commencerait par les bombardements de Liverpool tels qu’il les avait vus dans les films d’actualités. Les deux hommes adhèrent au projet et l’écriture du Liverpool Oratorio est en marche.

« Prenez les meilleurs »

En mars 1991 les répétitions commencent. Quatre-vingt-dix musiciens, près de deux cent choristes et la soliste Kiri Te Kanawa, McCartney avait dit : « prenez les meilleurs ». La première eut lieu le 28 juin, dans la cathédrale de Liverpool. Le public la salue par une standing ovation de dix minutes. Les critiques critiquent, mais les ventes explosent et les orchestres du monde entier se ruent sur les partitions pour inscrire l’Oratorio à leur répertoire.

Quelques années plus tard en 1995, Paul sortira une autre production classique également de très bonne tenue, Standing Stone dont le titre fait référence au menhir qui se trouve dans sa propriété écossaise et qui orne la couverture de l’album. La première de Standing Stone interprétée par le Royal Symphonic Orchestra de Londres eut lieu au Royal Albert Hall.

Standing Stone sera suivie par une troisième oeuvre classique, Ecce Cor Meum. Amateurs de musique classique, n’hésitez pas, ces œuvres tiennent parfaitement la route et la comparaison avec les musiciens classiques du XIXe et XXe siècle. Il livrera également une composition pour cor, Stately Horn et un ballet, Ocean’s Kingdom joué à New York en 2011 et dont les costumes ont été conçus par sa fille, la talentueuse styliste Stella McCartney.

Des fonds pour l’hôpital et l’école

En parallèle à ce travail, Paul qui avait toujours été discret dans l’aide qu’il apportait à son entourage plus ou moins proche, se voit sollicité pour reconstruire un petit hôpital de Liverpool en déshérence, et plus lié à son histoire, son école, le Liverpool Institute qui tombe en ruine. Paul accepte de verser un million de livres pour fonder une école qui deviendra la LIPA, Liverpool Institute for Performing Arts. Par ses contacts, il assure la pérennité de l’école qui mérite une visite sur son site web. Dans le Liverpool Oratorio un des morceaux reprend la devise qui figurait au fronton de son école : Nous ne sommes pas nés pour nous-mêmes mais pour le monde entier. Qui croirait qu’elle n’ait pas inspiré le petit Paul ? Et à la fin du chant il ajoutera : Et nous sommes nés à Liverpool.

Le grand chantier d’Anthology

La décennie suivante sera celle d’un projet qui restera dans l’histoire des Beatles : Anthology. L’ex-entourage des Beatles prend contact avec George, Ringo et Paul et propose la réalisation de plusieurs CD, d’un ouvrage et d’un documentaire sur les Beatles. Une fois réglées les questions pratiques et d’ego, et après une annonce officielle du projet, ils se mettent au travail et comme à l’accoutumé Paul s’investit plus que les deux autres ex-Beatles.

DECENNIE #6 1992-2001 Linda s’en va, George s’en va, Nine Eleven à JFK

Lennon revient…

Dans sa version musicale l’album Anthology est donc l’assemblage de titres des Beatles à différents stades de maturation, d’extraits de séances d’enregistrements. Les trois double-CD sortent respectivement en 1995 et 1996. S’y ajoute par la magie de quelques cassettes de bouts d’essais de Lennon, conservées par Yoko Ono, un titre inédit des Beatles, Free As A Bird. Lennon chante accompagné de son seul piano.

Une somme, une bible…

Grâce au producteur et musicien Jeff Lynne (Electric Light Orchestra) qui fit partie du super group de George Harrison The Travelling Wilburys, grâce à Paul et George qui ajoutent un pont, un nouveau titre des Beatles sort en single en décembre 1995, 25 ans après leur séparation. Un autre titre suivra, Real Love qui intègrera l’album Anthology. Une série TV et des DVD d’Anthology sortent à la même période. Quant au livre, publié en 2000, c’est un joyau de la culture Beatles : des photos, des griffonnages, des cartes postales et des interviews des Beatles, un indispensable.

En 1993, il sort Off The Ground, son neuvième album studio. Elvis Costello lui vient en appui sur deux titres. La critique sera un peu déçue, mais pas les fans qui le placeront en bonne place dans les charts. Hope of Deliverance est sans doute le titre qu’on retiendra le plus.

En 1995, on décèle à Linda un cancer du sein. Paul y revit les dernières années de sa mère morte à 47 ans de la même maladie. La première femme de Ringo, Maureen dont le batteur a eu trois enfants et dont il est divorcé, était décédée d’un cancer en 1994. Les Beatles adoraient « Mo », comme eux une liverpuldienne d’origine modeste. Paul se saisira de sa guitare pour composer à l’intention des enfants de Ringo et Maureen qu’il avait toujours considérés comme des neveux, une splendide ballade, Little Willow qui figure dans l’album Flaming Pie. Flaming Pie sort en 1997, est produit par Jeff Lynne que Ringo rejoint à la batterie pour deux titres Really Love You et Beautiful Night (ne pas manquer le Making of sur Youtube, avec le travail de l’orchestre classique et son final hymnique). Son fils James qu’il n’a pourtant jamais encouragé à faire de la musique et qui est devenu guitariste en autodidacte joue sur Heaven on a Sunday.

Le disque se classe haut dans les charts et rencontre un vrai succès critique. Avec Flaming Pie Paul confirme qu’il est toujours à son meilleur niveau.

Linda s’éteint à Tucson, Arizona

Linda, durant les années précédentes, a poursuivi son travail reconnu de photographe et publie des recueils de photos. Elle affronte les chimiothérapies et la progression de la maladie avec le courage et l’énergie de la plupart des femmes qui y sont confrontées. En 1998, Linda succombe à l’âge de 56 ans, dans la propriété près de Tucson, Arizona, qu’avec Paul ils ont acheté quelques années auparavant. Un album posthume de Linda, composé de chansons enregistrées l’année précédente, Wide Prairie, sort la même année.

Linda McCartney, 1941 – 1998

Reste d’elle un remarquable travail de photographe, et d’avoir été une des premières à défendre la cause animale. Plus accessoires, des livres de cuisine végétarienne ont inspiré des générations de cuisiniers et cuisinières anglo-saxons et ont contribué à faire grossir la fortune que l’héritage de son père, avocat d’affaires lui avait laissée.

Une cérémonie à sa mémoire est organisée à Londres qui réunit le gratin de la pop et permettra à trois des ex-Beatles de faire résonner Let It Be en son honneur.

Au tour de George

En 1997, George Harrison s’était découvert un cancer de la gorge. Pour Paul, après avoir vu sa mère et sa femme fauchées par un cancer, c’est au tour de son vieux complice, celui avec qui il faisait le trajet en bus vers leur école, celui avec qui ils échangeaient les accords de guitare, celui qui s’était avéré être un parfait troisième Beatles, de vivre l’enfer de cette maladie. (Retrouvez notre article sur le décès de George ici).

Cloud Nine, un excellent album d’Harrison

En mars 1999, Paul est intronisé au Rock and Roll Hall of Fame, quatre ans après Lennon qui le fut évidemment à titre posthume. Un mois plus tard un concert hommage à Linda a lieu à Londres organisé par ses plus proches amies et au bénéfice de la cause animale, affichant une liste impressionnante de musiciens et chanteurs participant à l’hommage. Le concert fut retransmis plus tard par la BBC.

Run Devil Run…

Quelques mois plus tard, Paul fait la connaissance de la jeune créatrice d’un fonds d’aide pour les victimes de mines terrestres. Heather Mills a elle-même été amputée d’une jambe à la suite d’un accident de la circulation. Après quelques rebondissements, ils entament une relation en septembre 1999 dont il n’admettra la réalité qu’en avril 2000. Ils travaillent ensemble sur un futur projet de single d’Heather qui sortira sous le titre de Voice.

Elle sort une autobiographie où elle apparaît comme la victime obligée de fuir – enfant – les violences familiales, et dont la carrière de top model international devait être interrompue par son accident. La réalité découverte plus tard n’était guère reluisante, alternant relations tarifées avec de riches hommes d’affaires et séances photos pour des catalogues de lingerie plutôt dénudées. Paul ignore ces critiques.

Fin 1999, il a travaillé sur l’album « Run Devil Run », dont nous avons parlé ici constitué de reprises de Faces B ou de titres de rock n’ayant pas connu la gloire. Paul donne un concert au nouveau Club Cavern de Liverpool à deux pas de la boîte où les Beatles avaient fait leurs débuts. Les musiciens du disque dont David Gilmour (Pink Floyd) assurent la prestation.

A New York le 11 septembre

En 2001, Paul prépare à Los Angeles un nouvel album. Le 11 septembre, il est sur le tarmac de l’aéroport de JFK lors de l’attaque terroriste et voit les fumées s’échapper des tours. L’avion est cloué au sol. Il se retrouve dans un hôtel proche de l’aéroport et pendant que les chaines de télévision relatent la journée, il se demande comment aider les victimes. Il décide d’organiser un concert à leur profit et en hommage aux pompiers et policiers de New York. Le concert se tiendra dès le 20 octobre suivant. Il compose une chanson Freedom qui servira d’introduction au concert. Eric Clapton, David Bowie, Elton John, Mick Jagger et Keith Richard, The Who, et des dizaines d’autres artistes, cinéastes, acteurs… participent au concert. Le titre Freedom est inclus à l’album Driving Rain et Eric Clapton participe à l’enregistrement.

Pour Paul, cette décennie 1992-2001 se conclut par le décès de Georges Harrison. Nous y sommes revenus assez longuement dans ce post. Dans les tournées qui suivirent, Paul tint à rendre hommage à son ami George en interprétant Something dans une version très épurée et accompagné d’un seul ukulélé, un instrument que George appréciait particulièrement. Assister à cette interprétation est un vrai moment d’émotion Beatles. Il y eut un Concert for George, réunissant tous ses amis musiciens et son fils, guitariste lui aussi.

DECENNIE #7 2002 – 2011

A l’album Driving Rain succèda une tournée éponyme en 2002 et le mariage de Paul et Heather Mills la même année, ainsi qu’un double album de concerts « Back in The U.S. ». Paul enchaîne à nouveau une série de concerts en Europe et en octobre 2003, Heather accouche d’une fille, Beatrice-Milly.

Dès 2004, les relations semblent se dégrader. Même si Paul fait bonne figure, son environnement professionnel se fatigue des foucades et de la prétention de son épouse.

En 2005, McCartney prépare un nouvel album, Chaos and creation in the Back Yard. Il se fait épauler par un jeune producteur, Nigel Godrich qui a travaillé avec Radiohead. Le succès est immédiat, la critique enthousiaste et le public ravi.

L’album Chaos and Creation in The Back Yard, avec l’aide du producteur de Radiohead

Sans doute parce que Paul abandonne le côté un peu guilleret de certains de ses titres et aborde un univers plus sombre, plus mélancolique. La photo de couverture noir été blanc de l’album en témoigne, on voit Paul jeune adolescent, sa guitare en main dans l’arrière-cour d’un pavillon anglais. Et il enchaîne une tournée américaine pour assurer la promotion de l’album.

Un livre pour enfant et un divorce

En octobre de la même année il publie un premier livre pour enfants, « Rupert et la chanson de la grenouille » et prépare un film d’animation tiré de son livre pour enfants

C’est par un communiqué commun qu’en mai 2006, M. et Mme McCartney annoncent leur séparation, en rendant responsable les pressions et intrusions dans leurs vies privées… Paul a 64 ans, comme dans sa chanson When I’m Sixty-Four, il a également trois petits-enfants, mais ce n’est pas une vie calme qui s’annonce. McCartney entame une procédure de divorce et pointe le comportement déraisonnable de sa future ex-épouse. Contrairement à ce qu’elle prétendait, son mari avait visiblement été généreux, lui donnant une carte de crédit quasi illimitée sur son compte et lui offrant des demeures ou lui en faisant bénéficier. Mais en l’absence de contrat de mariage, elle pouvait prétendre à 20% de la fortune de l’ex-Beatle. Après des mois de procédure, McCartney est condamné à verser à son ex-épouse 16 millions de livre pour 6 ans de vie commune auxquels s’ajoute une rente annuelle pour leur petite fille.

Entre-temps, les tabloïds ont surpris Paul en compagnie d’une américaine de la côte est, Nancy Sheever, 47 ans alors et qui a fait fortune dans les affaires et le transport. Ils se marieront en 2011.

En 2007, au milieu de cette tourmente, Paul n’en oublie pas son activité de musicien et sort un nouvel album, Memory Almost Full, à nouveau un succès critique et commercial. Natalie Portman joue dans le clip de Dance Tonight. On retrouvera souvent des actrices dans les clips de Sir Paul (voir plus bas).

Et en 2011 il annoncera préparer un film tiré de son livre pour enfants High In The Clouds.

DECENNIE #8 2012-2021 : du jazz, un nouvel album solo…

Travailler avec de jeunes artistes

En 2012, jamais rassasié d’innovation Macca sort un album… de jazz. Ça manquait à son répertoire ! Si pour l’essentiel il s’agit de reprises de titres connus, il ne peut pas s’empêcher de nous livrer deux compositions d’excellente facture : My Valentine et Only Our Hearts.

Et pour changer, un peu de (bon) jazz classique

En 2014, il sort l’indispensable album NEW, et l’année suivante on le voit dans le superbe clip Four Five seconds, à sa guitare acoustique en compagnie de Rihanna et Kayne West livrant tous trois une prestation impeccable.

Au cours de ces dernières décennies, une kyrielle de jeunes artistes ont voulu travailler avec Sir Paul. Citons Johnny Depp, Kate Moss, Sean Penn, Meryl Streep, Jude Law et quelques autres dans le clip Queenie Eye en 2013, ou Emma Stone dans le clip Who Cares de l’album Egypt Station. Ou déjà Johnny Depp et Natalie Portman, dans son titre de jazz My Valentine. Participant au film qui pointe les dangers du changement climatique « One Day A Week » il invite les terriens à éviter un jour par semaine de consommer des produits à base d’animaux. Avec ses filles Mary et Stella, avec Emma Stone et Woody Harrelson, il prête sa voix pour commenter les images et envoyer ce message. Tous louent sa puissance de travail, sa créativité et sa gentillesse.

Pas de choc de générations, au contraire, une complémentarité qui fonctionne à merveille

En 2018, alors que tout le monde imagine qu’après ses dernières tournées il mérite un peu de repos, il sort le parfait Egypt Station, puis deux ans après, «mettant à profit » les confinements dus à la crise sanitaire, il enregistre un nouvel album en solo sans autres musiciens que lui. C’est McCartney III, qui suit les deux autres albums solos de 1970 et 1980. Et encore une réussite.

McCartney, parfait dans son rôle de grand-père publie en 2019 un nouveau livre pour enfants, La Boussole Magique.

2022 En route pour une nouvelle décennie

Depuis avril 2022, Paul McCartney est en tournée en 2022 pour une vingtaine de dates aux Etats-Unis. Ses concerts réunissent toujours des dizaines de milliers de spectateurs, de tous âges.

L’indispensable biographe déjà cité, Philip Norman rapporte qu’à l’âge de 11 ans Paul reçoit un prix pour une composition sur le thème du couronnement de la Reine, nous sommes en 1953. Paul raconte que toute sa vie il a essayé de faire un boulot correct, pour que les gens lui disent : « Tu es bon« .

Et Philip Norman d’énumérer les plus prestigieuses récompenses obtenues : 18 Grammy Awards, 8 BRITS, un Oscar, des doctorats Honoris Causa en musique de prestigieuses universités, le Gershwin Prize remis à la Maison Blanche par Barack Obama, une étoile sur le Walk Of Fame, l’anoblissement par la reine, la Légion d’Honneur française… et tant d’autres.

Norman oublie une récompense, celle de son public qui depuis cinq décennies est enthousiasmé, charmé ou ému par ses compositions dont les plus célèbres resteront dans l’histoire de la musique. Indubitablement si les Nobel décernaient un jour un prix de la Musique, le premier serait pour Paul McCartney.