THE BEATLES, SUR L’ALBUM BLANC, UN LIVRE… BLANC

THE BEATLES, SUR L’ALBUM BLANC, UN LIVRE… BLANC

Voici un ouvrage-hommage comme on les aime. Et comme les Beatles l’auraient aimé. Consacré à l’album The Beatles, vite renommé White Album et Album Blanc en francophonie, ce petit livre est une somme enamourée et indispensable sur le mythique album sorti en novembre 1968 et ses quelques presque trente chefs d’œuvre.

La brillante aventure musicale des Beatles a inspiré et continue à le faire, une production critique de bonne – voire très bonne – qualité. C’est le cas de ce livre à ne pas manquer, grâce à Palem Candillier, critique avisé qui propose à son lecteur un abord toute en finesse de ce double album mythique, que le véritable amateur associera à la joie d’une énième écoute.

Bel objet, à l’instar de l’album blanc

La très créative maison d’édition Densité, qui publie exclusivement des ouvrages consacrés aux écoutes de disques, nous offre une fois de plus un OLNI, objet littéraire non identifié. Non identifié par la forme que prend ce livre à nul autre pareil, à l’exception bien sûr des autres titres-maison, consacrés à Jimmy Hendrix, Neil Young et une vingtaine d’autres légendes du rock et de la pop. La preuve que les éditeurs de Densité n’usurpent pas leur déclaration d’amour du papier et de l’imprimé.

Le rabat de cette très belle édition, un hommage à l’Album éponyme

Un petit format, une couverture cartonnée à rabat, un choix de papier de qualité, un code barre en forme de galette vinyle, de belles trouvailles graphiques, et surtout, une couverture virginale, marquée d’un simple numéro de série, hommage au Double Blanc des Beatles. La quatrième de couverture du livre, toute en gaufrage et en épure, laisse seulement apparaître en relief un texte en blanc sur blanc, quasi illisible sans recourir à l’usage d’un éclairage affleurant ou d’un subtil crayon à papier qui à peine appuyé sur le texte, comme par la magie d’un jeu d’enfant, fera naître les mots. Une invention que nos créatifs Fab Four n’auraient pas reniée, eux qui dans la lignée des tendances artistiques alors naissantes auraient aimé que leur public puisse participer d’une manière ou d’une autre la création de leurs œuvres. Rappelons que, cautionnée ainsi par le marché de l’art, l’édition N°0000001 de l’album, propriété de Ringo Starr, fut vendue il y a quelques années pour près de 800.000 dollars au bénéfice d’une bonne cause.

A l’instar de son aîné musical, une couverture virginale

Belle chronique des multiples surprises du Blanc

Mais ce que nous tenons entre les mains n’est pas seulement un bel objet que tout amateur de livres – ou des Beatles – devrait posséder. Ce mythique Album offre à Palem Candillier (musicien, auteur et chroniqueur) la possibilité de revenir sur les circonstances de la naissance du disque. Les premières brouilles, les inspirations nouvelles sous les influences (diverses…) y compris celles de musiciens comme Stockhausen et sa musique électroacoustique, sans omettre le talent toujours au travail,  entreront dans la composition de cet incroyable patchwork. L’Album nous donne à écouter des titres d’une simplicité musicale dépouillée et de splendides mélodies, autant que des expérimentations qui iront jusqu’à laisser le fan un peu perplexe. Rock, pop, blues, folk, country, jazz, music-Hall, calypso… la multiplicité des styles et des genres musicaux constituent ici la signature des Beatles.

L’Album Blanc numéroté, proposé sur E-Bay en 2022 à 300 $

Enfin, comme le précise Palem Candillier, « kaléidoscope d’ambiances et d’intentions », le Double Blanc est aussi celui qui brouille un peu les cartes entre les images des deux compositeurs phares du groupe, laissant apparaître Paul McCartney comme un (hard) rocker puissant et John Lennon comme l’auteur de tendres ballades qui n’ont rien à envier aux précédents Yesterday ou For No One de son comparse.

Indispensables analyses

Dans une deuxième partie, Palem Candillier analyse en détail chacun des titres dont l’écoute attentive et joyeuse accompagnera évidemment la lecture de cette critique éclairée. Revenir ici sur chacun des titres, l’histoire de leur composition et de leur production reviendrait à déflorer ce que notre auteur maîtrise à la perfection et nous livre avec un enthousiasme qui n’exclut pas la lucidité sur quelques faiblesses éparses que peut cacher le disque.

Sans oublier bien sûr, qu’à côté des deux meilleurs de leur génération, se tient en embuscade un George Harrison qui avec quatre titres, s’impose comme un auteur compositeur à l’égal de Lennon et McCartney. Ni que le parfait batteur Ringo Starr posera ses baguettes le temps de sa première composition : Don’t Pass Me By, à la couleur country-western qui s’insère naturellement en deuxième face du premier disque. Parmi les multiples découvertes que l’on fera à la lecture du livre, Candillier révèle par exemple à ceux qui l’ignorent et dont nous sommes, les règles musicales et diplomatiques qui ont présidé au choix difficile de l’enchainement des trente et un titres qui ne devait choquer aucune susceptibilité.

Conclusion-hommage de l’auteur qui signe parfaitement son travail et celui des Fab Four : « Les Beatles ont relevé un nouveau défi : offrir d’infinies nuances de blanc ».

THE BEATLES – THE BEATLES de Palem Candillier – Editions Densité – Collection Discogonie

Egalement auteur de : Nirvana. In Utero, chez le même éditeur.

Rappel des titres de THE BEATLES (y en a-t-il un que vous ne soyez pas capable de fredonner ?) : Back In The U.S.S.R. – Dear Prudence – Glass Onion – Ob-La-Di, Ob-La-Da – Wild Honey Pie – The Continuing Story of Bungalow Bill – While My Guitar Gently Weeps – Happiness Is a Warm Gun – Martha My Dear – I’m So Tired – Blackbird – Piggies – Rocky Raccoon – Don’t pass Me By – Why don’t We Do it in The Road I Will – Julia – Birthday – Yer Blues – Mother Nature’s Son – Everybody’s Got Something to Hide Except For Me and My Monkey – Sexy Sadie – Helter Skelter – Long, Long, Long – Revolution #1 – Honey Pie – Savoy Truffle – Cry Baby Cry – Revolution #9 – Good Night.